Une adresse discrète pour ne pas dire secrète. A Aix-en-Provence, le Coude à Coude s’est installé au cœur même de la ville mais à Marseille, c’est sur le chemin de Mazargues, non loin du Corbusier, que le Coude à Coude a jeté son dévolu. Un parking, des hangars, un club de sport et une entrée encadrée par deux oliviers. Passé le portail, une belle terrasse avec fontaine, style « place de village » et une chaude ambiance qui donne le sourire. « Nous sommes un restaurant, un bar à vins, qui propose des plats soignés, à partager ou pas », sourit Patrice qui fait visiter les lieux. A l’étage, un bar à spiritueux et vins, un fumoir, et une furieuse envie de vivre ici dans cet immense loft qui mêle le style Peaky Blinders à celui des faubourgs industriels.
Sur la terrasse, ça joue de la guitare, tout le quartier est là, chacun savoure son moment. En cuisine, le chef Valentin Bezin (ex-Sépia) semble un chef d’orchestre. Il est partout, zieute le passe, veille aux cuissons, rythme le service comme un pro. Un savoir-faire qui va se vérifier tout au long du repas.
La carte est bien pensée et fait un petit pas de côté pour surprendre les habitudes ; il en va des accras de merlan et seiche, du crudo de sériole-sauce punzu melon et tagètes, de l’os à moelle rôti sauce vierge-haricots sautés et couteaux. Il ne faut parfois pas grand chose pour séduire : du beurre de sauge dans les moules gratinées au parmesan, quelques shiitakés pour l’œuf parfait-crémeux de pommes de terre. On aime l’idée d’un tarama fouetté au piment et croquant de sarrasin soufflé. L’excellent poulpe grillé, charnu à point, croustille comme saisi à la plancha et se baigne d’un jus de viande. Une laitue romaine braisée twistée aux cerises pickles, dynamise l’assiette. La tagliata de taureau de Camargue, d’une belle tendreté, joue la carte acide d’une sauce chimichurri, twistée par une gelée de citron et écorces blanches et quelques mini poivrons jaunes et rouges. Irréprochable.
Les vins corses, c’est l’une des fiertés de Patrice, qui bombe le torse à l’évocation de la rarissime cuvée Granit (blanc) du domaine Vacceli (enivrant sciaccarellu, vin blanc sapide et acidulé, légèrement boisé), ou de cet introuvable Chioso Nostro (toujours chez Vacceli) qui magnifie les apéritifs (merci le vermentino). Cet hiver, on reviendra déguster un figatellu « mais de Corse du Nord que je trouve moins gras que celui du Sud », explique encore Patrick. L’île flottante sera parfaite, le blanc cubique surnageant une crème anglaise épaisse comme une sauce addictive, surlignée de caramel.
Alors faut-il aller dîner au Coude à Coude ? Oui bien sûr, d’abord pour la cuisine qui respecte les recettes mais sait imposer le style et la personnalité de Valentin Bezin. Oui pour la terrasse, la cave, les comptoirs et l’ambiance amicale loin, très loin, de l’esprit m’as-tu-vu qui règne chez certains voisins du quartier. Oui tout simplement car jamais on n’aurait imaginé une si belle transformation des anciennes huileries Reggio… On s’y est plu et on a promis d’y revenir, très vite.
Groupe de 30/40 personnes en privatisation au 2eme étage et 70 personnes au 1er étage