En ce matin d’hiver, si le froid se fait ressentir, le soleil quant à lui bat son plein.
Nous attendons patiemment au lieu de rendez-vous : l’Ombrière Foster.
Habitant depuis plusieurs années à Marseille, je n’avais jamais pris le temps de m’arrêter sous cet immense miroir pour admirer sa structure et ses jeux de lumière.
Aujourd’hui, j’ai donc décidé de prendre ce temps et de percer l’histoire de cette ville aux mille facettes.
Accueillis chaleureusement par la guide, elle commence sa visite par ce qui attise notre curiosité : l’ombrière du Vieux-Port. Cette structure métallique aux reflets bleus et argentés créée par le britannique Norman Foster permet de contempler le Vieux-Port la tête en bas. Elle est l’essence même de la visite : le pouvoir de la modernité construit sur un lieu chargé d’aventures et de légendes.
Ce contraste étonnant nous amène rapidement à aborder l’histoire même de ce Vieux-Port symbolique. Outre sa grandeur et sa forme, c’est ici qu’ont débarqué des marins Grecs en l’an 600 avant JC. Marseille a donc été le premier point d’ancrage pour ces habitants. Venus tout droit de Phocée, ces Grecs ont fondé la ville de Massilia et façonné son histoire. Si Marseille ressemblait fortement à leur ville d’origine, ils l’ont rapidement réorganisé au fil des années.
Le Vieux-Port est une porte ouverte vers la Méditerranée. D’ici, on peut apercevoir un grand nombre de repères pour la ville : La Canebière, la fameuse avenue connue pour son nom où était planté du chanvre, la rue de la République, baptisée de nos jours « Rue de la Rep’ », très sombre et longtemps reniée par les Marseillais ou encore la rive Nord du Vieux-Port où le style des bâtiments diffère à cause de ses reconstructions.
Au fil des histoires contées par la guide, nous laissons notre imagination nous embarquer. Devant nous, des bâtiments beaucoup plus nobles, des pavés, peut-être même le bruit des chevaux. Sur la Canebière, un champ immense où l’odeur florale embaume les bateaux situés non loin. A notre gauche, la rive nord baignée de soleil nous invite à poursuivre l’épopée.
La visite avance au rythme de l’histoire. Après la découverte du Vieux-Port et ses différents récits la visite se poursuit vers la rive Nord réputée par les Marseillais pour se prélasser en terrasse lors des beaux jours. Cette rive ensoleillée tout au long de la journée, était en réalité la seule rive habitée autour du Vieux-Port. C’est le Roi-Soleil, qui, plus tard, décidera d’étendre la ville.
Réaménagée en 2013, la rive nord permet aujourd’hui d’apprécier une des plus belles vues de Marseille mais surtout d’apercevoir celle qui protège ses habitants : la Bonne Mère. Qu’est-ce que j’aime marcher ici ! C’est l’occasion d’apprécier la douceur de vivre, de voir les va-et-vient des bateaux et de se laisser bercer par le reflet de l’eau.
Cet instant nous amène également à prêter attention aux bateaux de pécheurs et aux détails surprenants. Sauriez-vous reconnaître ce qu’il s’y cache ? Une chose est sure, vous allez être étonné !
Derrière-nous se trouve l’hôtel de Ville qui est un des rares bâtiments à ne pas avoir été détruit dans les années 40. Au XIIIe siècle, ce dernier avait déjà un rôle et une place centrale. Au rez-de-chaussée, il faisait office de lieu où les marchands conservaient leur blé. Le premier niveau, quant à lui, était destiné aux rencontres municipales. Aujourd’hui cette séparation distincte entre les deux étages existe encore puisque le plus haut palier est uniquement accessible par l’arrière du bâtiment dit le Pavillon Bargemon, relié par une arcade.
A deux pas, en traversant la place Bargemon dans le quartier du Panier, on peut apercevoir un diamant, lui aussi sauvé de la ruine lors de la seconde guerre mondiale en 1943. Il s’agit de la Maison Diamantée. Si la date de sa construction est incertaine, son style architectural inspiré de l’Italie tient son nom à sa façade façonnée de pierres taillées en pointes. Cette technique se nomme « le brossage en pointe de diamant ». Après avoir abrité les collections du Musée du Vieux Marseille, elle est aujourd’hui occupée par les services municipaux.
Cette structure aussi étonnante soit-elle nous amène à nous questionner sur le nombre de façades différentes qu’accueille ce quartier, et qui ont été réalisées à différentes époques.
Nous retrouvons à nouveau le bord de mer. Après avoir voyagé dans le temps, nous nous dirigeons tout doucement vers le futur pour admirer cette architecture qui mélange prouesse et style technique. Nous parlons bien sûr du MUCEM, musée connu dans le monde entier pour ces nombreuses expositions. Construit en 2013 par Rudy Ricciotti, cette structure imposante ne laisse personne indifférent. De sa plateforme suspendue jusqu’au Fort Saint-Jean à son bâtiment très brut, le MUCEM révèle son plus gros contraste : sa matière en béton jalonnée par la légèreté de sa dentelle et de sa passerelle.
En face de nous se trouve la Villa Méditerranée conçue par Stéphano Boeri. Cet édifice sur et sous l’eau abrite depuis 2022 la reconstitution de la Grotte Cosquer. Cette découverte en vaut le détour ! Sur cet espace, l’histoire rencontre à nouveau le monde contemporain.
Ici, le calme règne. On y vient pour se poser au bord de l’eau et apprécier la méditerranée qui s’invite en douceur dans le Vieux-Port de la ville. Là encore, les reflets du Musée nous laissent apercevoir un autre joyau que j’ai envie de (re)découvrir : la Cathédrale de la Major. C’est ici que nos chemins se séparent et le soleil qui rayonne nous invite à poursuivre l’histoire de notre côté.
