Personne en ciré jaune sur un bateau arrivant dans le port de Marseille, devant le fort St Jean

Jean-Claude Izzo

Romancier marseillais au verbe poignant, Jean-Claude Izzo a transformé sa ville natale en théâtre intime et universel. Dans ses polars profondément humains, il mêle engagement social, poésie méditerranéenne et regard lucide sur une cité vibrante de contradictions. De Total Khéops à Solea, il bâtit une œuvre où Marseille n’est pas seulement un décor, mais un personnage central.

Marseille au cœur noir de la Méditerranée

Romancier engagé et poète de l’intime, Jean-Claude Izzo a ancré son œuvre dans les ruelles, les bars et les silences de Marseille. À travers ses polars humanistes, il a offert à la cité phocéenne une voix nouvelle, sombre et lumineuse, qui se montre à la fois révoltée et aimante. Ses romans révèlent une ville à hauteur d’homme, fragile et fière, traversée par la violence, soudée par la tendresse et tiraillée par les contradictions. En quelques livres marquants, il a su faire entrer Marseille dans l’imaginaire du roman noir, tout en lui rendant hommage comme à une amante insoumise, à la fois lieu de refuge et source de blessures.

Une vie en Méditerranée, entre luttes et littérature

Né à Marseille en 1945 dans une famille modeste d’origine italienne et espagnole, Jean-Claude Izzo incarne la diversité et les contrastes de la cité phocéenne. Il grandit dans les quartiers populaires, au contact des dockers, des ouvriers et des pêcheurs, dans un environnement où la solidarité côtoie la précarité. Contraint de travailler jeune, il devient ouvrier puis typographe, tout en se forgeant une conscience sociale aiguë. Marqué par la condition ouvrière et les injustices, il s’engage comme militant pacifiste et participe à des mouvements pour la paix, la justice et la dignité des plus modestes.

Curieux et passionné de mots, Jean-Claude Izzo entre dans le journalisme, collabore à la radio et publie ses premiers poèmes, où déjà se dessine son attachement à la Méditerranée et à Marseille. L’écriture romanesque vient plus tard, presque par nécessité : il y déverse ses colères, ses espoirs et ses souvenirs dans des récits noirs qui n’oublient jamais leur humanité. Loin de renier cette ville où il a vu le jour, il en observe les plaies et les splendeurs avec tendresse et lucidité, transformant sa propre histoire en une matière littéraire dense et malléable. Fidèle à la lumière de la Méditerranée, à ses colères et à sa poésie, il construit une œuvre enracinée dans cette ville-monde qu’il n’a jamais cessé d’aimer.

Total Khéops, naissance du polar méditerranéen

Avec Total Khéops, publié en 1995, Izzo crée le personnage de Fabio Montale, flic désabusé, amoureux de poésie, de vin, de femmes et de liberté. Ce roman inaugure une trilogie (avec Chourmo et Solea) qui impose un genre nouveau : le polar méditerranéen. Violente et douce, ancrée dans le réel et portée par une langue poétique, cette œuvre révèle une autre Marseille, blessée mais vibrante, et marque profondément la littérature contemporaine.

Un héritage littéraire et cinématographique toujours vivant

Jean-Claude Izzo continue de nourrir les auteurs de romans noirs, qui s’inspirent de sa manière unique de mêler tendresse, violence et poésie. Son œuvre déborde aussi des pages de ses livres pour nourrir le cinéma, la télévision et même la musique. Sa trilogie consacrée à Fabio Montale a été adaptée pour le petit écran, avec Alain Delon en premier rôle, contribuant à faire connaître son univers à un public encore plus large, tandis que ses textes sont régulièrement mis à l’honneur lors de festivals, de lectures publiques et d’événements dans les librairies de Marseille.

Les lieux qu’il a sublimés dans ses romans, tels que le quartier du Panier, les plages du Prado et le bar de la Samaritaine, gardent intacte la mémoire de ses personnages et de ses histoires. À Marseille, suivre les traces de Jean-Claude Izzo, c’est redécouvrir la ville sous un jour nouveau : plus tendre, plus lucide, profondément humain. Ses mots continuent d’éclairer ses ruelles, d’habiter ses quais, et de murmurer aux oreilles de ceux qui la regardent avec cet amour contrarié que seuls les intimes peuvent éprouver.

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